Vive Valérie Labrousse !

En France, près d’un million de personnes majeures vivent sous protection juridique. Et nombre d’entre elles seraient abusées par ce système, révèle Valérie Labrousse. Dans "Les dépossédés", la journaliste dénonce un système mafieux dans lequel sont impliqués l’Etat et les institutions. Un véritable brûlot nourri de cinq ans d’enquête.
Planet : Quelles différences notez-vous entre ce qu’est en théorie la protection juridique et ce qui se passe en réalité ?
Valérie Labrousse* : "La protection juridique est, comme son nom l’indique, censée protéger les gens et leurs biens. En réalité, elle est au mieux devenue une gestion grossière parfois ponctuée d’erreurs plus ou moins graves (oubli de payer l’électricité ou les impôts de la personne sous tutelle, etc), au pire une spoliation des biens de la personne et une maltraitance de cette dernière (isolement, oublie de lui donner de l’argent pour s’acheter de la nourriture, etc).  En d’autres termes, en réalité et dans de nombreux cas, il y a une inversion totale du principe de protection.

Planet : Savez-vous combien de personnes en France sont victimes de tels abus ?
Valérie Labrousse : C’est très difficile à dire. Il me faudrait 30 ans de travail pour le savoir ! Je sais en revanche que près d’un million de personnes majeures vivent sous protection juridique et que depuis la sortie de mon livre il y a environ trois semaines, je reçois énormément de témoignages et d’appels à l’aide de personnes qui en sont victimes. Et à chaque fois, c’est toujours la même histoire, le même scenario. Ce qui montre bien que, contrairement à ce que mes détracteurs peuvent dire, c’est un vrai phénomène.

Planet : Quel est ce scenario ?
Valérie Labrousse : On retrouve toujours les mêmes mécanismes de connivences entre les affaires sociales, la justice et la médecine. Ce sont des mécanismes silencieux, d’omerta et dignes de ceux utilisés par les mafieux. En effet, même quand les faits sont flagrants et que les victimes réussissent à porter leur affaire en justice, rien n’est fait car tous les acteurs qui sont en face d’elles sont liés entre eux. Aussi, les victimes se retrouvent bien souvent seules. Ce qui peut avoir des conséquences très graves. Certaines personnes en meurent très lentement.

Planet : Vous avez rencontré plusieurs victimes de ce type de situation pour écrire votre livre. Y en-a-t-il une qui vous a particulièrement touchée ?
Valérie Labrousse : En tant que journaliste, c’est difficile à dire car toutes présentaient un intérêt particulier à mes yeux. Mais en tant que citoyenne, c’est sans doute Jacqueline qui m’a le plus émue par ce qu’elle dégageait. Cette femme a tout eu dans ce que la protection juridique fait de pire. Elle est ce que j’appelle une "hyper victime" : elle a réussi à porter son affaire en justice mais au final cette dernière lui a dit 'circulez y’a rien à voir'. Son affaire a été classée, c’était la pire claque que l’on pouvait donner à cette femme, la pire trahison que l’on pouvait lui faire. Imaginez tout le travail que cette personne isolée avait accompli en amont pour en arriver là ! Il lui a d’abord fallu récolter des preuves, ensuite trouver un avocat et enfin convaincre son tuteur de bien vouloir débloquer de l’argent pour payer cet avocat. Une tâche d’autant plus difficile que tout dépend du tuteur et que c’est souvent son travail que la victime veut pointer. Aussi, il n’accepte pas facilement de l’aider dans ses démarches…

Planet : Aux termes de vos 5 années d’enquête, avez-vous entrevu quelques pistes de solutions pour éviter de telles situations ?
Valérie Labrousse : Il n’y a malheureusement pas vraiment de solution… Cependant, je dis souvent aux gens qui me contactent qu’ils devraient se regrouper et créer des collectifs. Mais dans la pratique, c’est difficile car il y a un manque cruel de solidarité. L’individualisme prévaut et est même renforcé par ce système mafieux qui isole les personnes. C’est un peu l’histoire du serpent qui se mange la queue ! D’ailleurs la mafia qui en est à la tête l’a très bien compris. Encore une fois, elle se sert du manque de solidarité qu’il y a entre les gens.

Au départ, il y a souvent une personne seule, handicapée ou vielle. Dans son entourage, personne ne veut s’en occuper. Et même quand un membre de la fratrie veut bien s’en charger, il est aussitôt taxé par les autres d’avoir de mauvaises intentions, de vouloir profiter de la situation. Aussi, bien souvent ces gens font appel à un juge des tutelles. Si celui-ci se rend compte que les proches de la personne ne sont pas soudés alors il s’engouffre dans la brèche et décide d’un placement sous tutelle extérieure. A partir de ce moment-là, c’est foutu, tout échappe à la personne.


Mais tout ceci pourrait, selon moi, être évité si les gens s’entendaient mieux, s’ils regardaient leurs parents autrement que comme des patrimoines sur pattes, s’ils avaient une meilleur conscience des rapports humains et s’ils arrêtaient d’être motivés par l’appât du gain".
*Valérie Labrousse est l’auteur des Dépossédés, enquête sur la mafia des tutelles (ed. Du Moment)

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Commentaires: 14
  • #1

    Maria Biselli (jeudi, 12 juillet 2018 22:25)

    Mi chiamo Maria Biselli, sono italiana, ho 89 anni e sono vedova senza figli.
    Sono erede per stirpe, secondo legge, di mio cugino francese Sangiusti Charles Pierre, maggiorenne incapace con tutore legale, deceduto nel 2012, senza moglie e figli o altro discendente. Negli anni anni, a causa dell’eta’ e delle nostre condizioni di salute ci siamo persi di vista. Ma ci siamo conosciuti e frequentati e sua mamma, mia zia, è venuta da anziana in Italia, dove e’ vissuta dieci anni, prima del decesso, ed e’ stata curata e accudita da me e dalle mie sorelle.
    Adesso non ci vogliono pagare l’assicurazione sulla vita e far vedere il dettaglio dell’eredita’ , perche’ vogliono che paghiamo una genealogista che ha solo detto che nostro cugino era morto e che potevamo insieme ad altri essere eredi. Poi dalla Francia ci ha spedito un contratto capestro con cui ci chiedeva circa il 40% dell’eredita’ , senza nessun altro dettaglio. Non ci indicava nessun bene immobile o mobile o denaro ma ci chiedeva solo di sottoscrivere un contratto capestro che in cambio dell’eredita’ in senso generico, lo studio Andriveau percepiva un compenso sul netto del 40%. Noi non abbiamo acettato e adesso il notaio incaricato non ci manda alcun documento perche’ vuole che paghiamo lo studio genealogico per il lavoro che per noi non ha fatto. Ci ricattano, non ci danno i nostri averi , ma non mettono niente per iscritto. Noi siamo 4 sorelle anziane e ammalate, non vogliamo farci estorcere soldi, vogliamo ricevere la nostra eredita’.
    Le autorita’ Francesi preposte ci devono aiutare e tutelare i nostri diritti.
    Abbiamo scritto all’Agira’ per l’assicurazione sulla vita, al Notaio Perinelli & Associati, incaricato della pratica Sangiusti ed al Presidente del Collegio dei Notai dell’Essonne, senza alcun risultato.
    Vogliamo giustizia, ma non siamo ricche e siamo vecchie, aiutateci e indirizzateci dove rivolgersi.
    Grazie, aspettiamo una risposta.
    Distinti saluti,
    Maria Biselli e sorelle.
    Maria Biselli, via Case di Sotto, n. 9, 29010 Sarmato(Piacenza), Italia. Cell. 3884866253

  • #2

    Philippe ch. (dimanche, 02 septembre 2018 20:11)

    Bonsoir je suis épuisée de me battre contre mon assistante sociale qui veut me mettre sous curatelle contre mon frère ! Conseillez moi . Elle s est amuse à bloquer mon compte ma retraite et oublie volontairement de faire les démarches qui lui incombent !!!!mes enfants m ont même fait un procès pour ne pas honorer l article 205 du code civil alors qu ils sont millionnaires!!!!! Que dois je faire?merci. Chantal. 0659257172. Elle me pousse au suicide avec mes 2 enfants....on m a pris tous mes bien financiers (Peu d argent.....) Merci

  • #3

    EUVRARD Ph (jeudi, 06 septembre 2018 09:41)

    J aimerais vous entretenir d un cas concernant ma famille, comment vous joindre ? - merci

  • #4

    Fabre (jeudi, 25 avril 2019 18:13)

    je vis exactement cela avec ma mere
    comment puis je vous contacter

  • #5

    Admin (jeudi, 25 avril 2019 19:31)

    Si vous avez un témoignage intéressant à apporter vous pouvez me l'envoyer par mail à
    laure92700@wanadoo.fr.
    Merci

  • #6

    Luise (vendredi, 07 juin 2019 16:02)

    Bonjour.
    Mon mari a été victime d'un accident. Traumatisme crânien sévère. Il est sous tutelle depuis un ans. Nous sommes une famille récompensée jai deux enfants avec lui. Depuis deux ans je galère avec lui et mes enfants. Il a un fond de commerce malgré son handicap il va travailler dans son restaurant mais le 11 juin ils vont vendre son restaurant et je ne sais pas quoi faire je pleur et personne m'écoute je dois le mettre dans une maison de repos à vie. Je vie l'enfer.

  • #7

    Admin (vendredi, 07 juin 2019 17:35)

    Excusez moi je ne vois pas le rapport avec le post, je suis désolée.

  • #8

    shakti (jeudi, 19 septembre 2019 10:49)

    Savez vous comment contacter valérie labrousse. Auriez vous une adresse mail à donner

    merci

  • #9

    Rossi Guariso (lundi, 20 avril 2020 12:46)

    Je viens de finir de lire "Les Depossédés" de Valérie Labrousse. J'ai finis en pleurs. C'est mon histoire. Ma perte. Ma souffrance. J'ai perdue mes 2 aînés dans ces années de curatelle. Ils sont devenus fous. Aujourd'hui je me retrouve en invalidité à cause de tant années de souffrance. Je ne savais rien de ce qui était une curatelle. Je suis allé chercher de l'aide au près du juge des tutelles. Je venais de quitter mon ex compagnon à cause de violences conjugales. Mais les souffrances qui j'ai enduré avec cette dame (Marylin Ricci) a était, pour être bien sincère a été pire que touts les coups que j'ai reçu. J'ai 2 diplômes universitaires, je parle 5 langues, j'ai habité à Buenos Aires, Sao Paulo, Genova et enfin en France, où je me suis mariée, j'ai eu des enfants et ma vie à basculé complément.
    J'aimerais écrire à Valérie Labrousse.
    Je vous laisse mon email pour tout contact :
    annaguarizzo666@gmail.com
    J'avais 43 à peine quand cette catastrophe à commencé.
    Et je ne savais rien de ce qui m'attendait. Je voulais juste être protège. Et je suis tombée dans les mains d'une femme qui a détruit ma vie. Un année et demi après qui j'ai réussi à lui dessaisir de ma vie, en dénonçant l'horreur que j'ai vécu avec mes enfants au juge des enfants qui a entendu mon histoire, confirmé par mes 3 enfants, aujourd'hui encore cette femme hante ma vie. Je me demande combien des victimes elle a déjà fait et fera encore, en toute impunité.. .

  • #10

    Bednarski Nadège (lundi, 18 octobre 2021 01:21)

    Depuis 2 ans, notre mère (87ans) est sous l’emprise d’une protection judiciaire abusive pour majeurs protégés. Nous vivons les injustices décrites dans les interviews de Valérie Labrousse et nous cherchons à faire partie d’un collectif , d’une association pour témoigner, apporter nos preuves des dysfonctionnements du Système Judiciaire. Nous voulons dénoncer et faire entendre aux français, aux institutions françaises voire européennes la réalité de l’inhumanité d’un trop grand nombre d’acteurs de cette protection-malédictions.
    Serait-il possible de récupérer quelques coordonnées:
    -Valérie Labrousse
    -collectif et /ou association de familles et victimes? Avec nos remerciements.
    bednarskinadege@gmail.com

  • #11

    GlennTir (dimanche, 19 juin 2022 19:08)

    Heureusement qu'il des personnes comme Mme Valérie LABROUSSE, il est urgent de réviser nos code, du fait de l'imprécision des textes, comme il est écrit "pour faire un acte valable, il faut être saint d'esprit" encore faut-il définir ce qu'est un acte valable, et au surplus l'esprit est une idée religieuse ( l'esprit de vérité) affaire à suivre ...

  • #12

    Michel Martin (jeudi, 02 février 2023 18:33)

    Je suis hospitalisé depuis 9 mois dans l'hepad d'un hôpital qui met sous tutelle
    Des personnes sans les informer.je veux dénoncer ces abus de
    faiblesse et escroqueries 0685992237.
    Urgent


  • #13

    glenntir (dimanche, 23 avril 2023 17:45)

    Lorsque l'on lit le code civil, avec précision, il est surprenant de constater qu'il n'existe aucune définition de la tutelle, d'un point de vue du droit objectif, tel que le célèbre Hans KELSEN énonçait la théorie pure du droit, le législateur n'a donné aucune base égale au concept "romain" de la tuelle ...

  • #14

    Admin (lundi, 24 avril 2023 11:57)

    Oui d'accord la tutelle c'est pas bien. Mais bon vous préconisez quoi vous pour les gens qui du fait de l'handicap de la maladie de la vieillesse sont dans l'incapacité totale de se gérer ??????????????????? Parce que critiquer c'est bien mais proposer des solutions c'est mieux. Et des solutions, autant voir les choses en face il n'y en a pas. Faudrait que les gens dans ce pays murissent un peu et voient les réalités en face.