Vieilles pierres versus Vieilles dames
L'argent offert par les familles Arnault et Pinault pour la restauration de Notre-Dame a suscité beaucoup d'hostilité à leur encontre , opération de défiscalisation a-t-on d'abord dit ce qui est faux, opération de com alors … Mais surtout ces milliardaires sont insensibles à la détresse de l'humanité souffrante , ils auraient dû faire don de leur argent aux hôpitaux aux maisons de retraite mais ces monstres sans cœur préfèrent manifestement les vieilles pierres aux vieilles dames. Bouh... les méchants..
Dans son éditorial de Libération intitule Notre-Dame des polémiques Laurent Joffrin explique pourquoi il est illusoire et vain d'opposer l'art au social. Je le cite.
« De même la polémique sur l’argent collecté a quelque chose d’artificiel. Certes les milliardaires qui s’achètent par leur libéralité une notoriété favorable pourraient aussi consacrer des efforts comparables à soulager les misères humaines. Mais s’ils n’avaient rien fait, on ne les aurait sans doute pas critiqués. En ces temps d’impécuniosité patrimoniale, leur argent est malgré tout bien venu : c’est le point essentiel. Quant à opposer l’argent consacré à la culture et celui qu’on dépense contre la pauvreté, c’est opposer l’art au social. Drôle d’idée. Très souvent, ceux qui demandent une augmentation des dépenses sociales sont les mêmes qui exigent un accroissement du budget de la culture. L’humanité ne vivant pas que de pain, elle consent, mais en période de manque, à dépenser pour l’art. Faudrait-il y mettre fin ? »
En effet l'humanité ne vit pas que de pain...
C'est ce que Malraux tentait lui aussi de faire comprendre qui déclarait en 1961 à l'Assemblée Nationale
: "ourquoi sauver Reims ? Pourquoi sauver Versailles ? Plutôt que d'acheter des blocs opératoires ?"
Et répondu :
« Si nous devions choisir entre la vie d'un enfant inconnu et la survie d'un chef d’œuvre nous choisirions tous la vie de l'enfant. Mais jamais l'humanité n'a été contrainte de choisir et elle ressent invinciblement qu'elle doit sauver l'enfant et les chefs d’œuvres. »
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